cours d’économie sur la monnaie: formes et fonctions de la monnaie
Sommaire
Formes et fonctions
La nécessité d’un instrument monétaire pour régler les échanges entre les membres d’une société est apparue très tôt. et selon les régions et les époques, la monnaie a eu des supports matériels variés : plumes, coquillages, pièces métalliques, billets de banque.
Aujourd’hui la monnaie scripturale *1 a remplacé en grande partie les pièces et les billets.
De nouveaux instruments monétaires sont apparus, comme les cartes de crédit ou les virements automatiques. La monnaie s’est progressivement dématérialisée.
*1 La monnaie scripturale est une monnaie totalement dématérialisée qui n’existe que sous forme d’écritures représentatives des soldes créditeurs des comptes clients détenus par les établissements de crédit. Elle est en totalité tenue sur supports magnétiques, électroniques ou optiques.
Le concept monnaie désigne tout instrument de paiement accepté communément dans une société donnée. Les formes de la monnaie ont évolué pour répondre aux fonctions qu’elle devait remplir.
La monnaie c’est d’abord le moyen le plus commode pour effectuer des achats ou se libérer d’une dette.
Il faut cependant se méfier des représentations courantes comme le rappelle Frederic Mishkin *2.
Dans son excellent manuel, Monnaie, banque et marchés financiers, 8e édition, Pearson Education, 2007 pour la traduction française.
Lorsqu’on dit « avoir de la monnaie » ou encore « payer en liquide » c’est du numéraire qu’il s’agit. La monnaie est constituée pour environ 10% par ce numéraire.
De même, dire d’une personne « elle a de l’argent » ou « elle gagne beaucoup d’argent » cela signifie le plus souvent qu’il s’agit d’une personne « riche » et dans le second cas que son revenu est élevé. La monnaie n’est pas la richesse (le patrimoine ou la fortune) ce n’est pas non plus le revenu.
Formes de la monnaie
Les formes sous lesquelles se présente la monnaie ont évolué et continuent d’évoluer dans le sens de la dématérialisation. *3
*3 Processus décrivant le fait que les billets ont d’abord acquis la prépondérance face aux monnaies métalliques, puis les chèques ont succédé dans la deuxième moitié du XX° siècle aux billets comme instrument de règlement des échanges. Enfin, une monnaie électronique (cartes de paiement) tend à supplanter aujourd’hui l’usage des chèques.
Évolution à long terme des formes de la monnaie
Source : Jean Bouvier, Un siècle de banque française, Hachette, 1973 et rapports du Conseil National du Crédit
On distingue aujourd’hui la monnaie matérielle et la monnaie scripturale
La monnaie matérielle : monnaie métallique et monnaie de papier
la monnaie métallique ou divisionnaire
la monnaie métallique ou divisionnaire (pièces en euro) est émise par les banques centrales nationales dont la Banque de France.
Les pièces de monnaie actuelles sont une survivance de l’époque où la monnaie était représentée par des richesses matérielles, puis par des métaux précieux utilisés pour leurs qualités spécifiques : inaltérables, transportables, fongibles *4 et divisibles. Cette monnaie joue de nos jours un rôle d’appoint, son pouvoir libératoire *5 est de fait limité.
Ce sont les banques centrales donc la Banque de France qui émettent les pièces en euros puis les vendent à la Banque Centrale Européenne qui les met en circulation par l’intermédiaire des banques commerciales.
*4Sont fongibles, les choses qui se consomment par l’usage et qui peuvent être remplacées par d’autres de même nature, de même qualité et de même quantité
*5 Le pouvoir libératoire désigne la capacité d’un instrument monétaire à être accepté comme instrument de paiement. (permettant de payer des dettes, ou de faire des achats de produits).
La monnaie de papier est constituée des billets de banque.
À l’origine, les billets étaient des reconnaissances de dette signées par un banquier, qui reconnaissait à celui détenant les billets, le droit d’obtenir une certaine quantité de monnaie métallique (or ou argent). Ils étaient donc toujours convertibles en monnaie métallique. Ils devinrent peu à peu inconvertibles et circulèrent de la main à la main entre les porteurs successifs. Inconvertibles depuis le 2 août 1914, on ne peut plus les échanger contre du métal précieux auprès de la Banque centrale qui possède le monopole d’émission.
Le billet de banque est souvent qualifié de monnaie fiduciaire (du latin fiducia, confiance) et il a un cours forcé. *6
*6Le cours forcé est la situation (universelle) dans laquelle la banque centrale a été dispensée de rembourser les billets en or.
Depuis janvier 2002 les billets sont émis par la Banque centrale européenne (BCE). Les Banques Centrales de chaque État de la zone euro assurent la gestion de la monnaie matérielle sur leur territoire. Elles se chargent de leur fabrication dans leurs propres usines et de leur émission qui correspond à leur comptabilisation à leur valeur faciale (supérieure au coût de production) par le Caissier général qui les délivre aux établissements. Les billets sont mis en circulation lorsqu’ils sortent des caisses de la Banque Centrale pour être remis à leurs utilisateurs.
En France un peu plus de 10 % des paiements se font encore en monnaie matérielle (billets et pièces).
La monnaie scripturale
La monnaie scripturale se développe à un rythme très rapide en raison de sa sécurité et de sa commodité, elle représente on vient de le voir près de 90 % des disponibilités monétaires. Elle est composée des dépôts à vue en euros ouverts auprès des établissements de crédit et des comptables du Trésor public. Elle est créée et transférée d’un compte à un autre par un simple jeu d’écriture. Il ne faut pas confondre la monnaie scripturale (les fonds déposés) et les instruments qui permettent sa circulation comme les chèques, le virement, les cartes de paiement qui sont les principaux instruments de règlement scripturaux.
Les moyens de paiement scripturaux (carte, chèque, virement, prélèvement, etc.) sont des dispositifs qui permettent le transfert de fonds tenus dans des comptes par des établissements de crédit ou des institutions assimilées (Caisse des dépôts et consignations, Trésor public, Banque de France…) suite à la remise d’un ordre de paiement.
Les opérations mises en œuvre pour réaliser ces paiements scripturaux et permettre le transfert de fonds entre un débiteur et un bénéficiaire sont multiples mais elles sont réservées par la loi française, sauf dérogations, aux établissements de crédit.
La circulation de la monnaie scripturale se compose toujours de deux opérations lorsque les deux parties (débiteur et créancier) ont des comptes dans des banques différentes : la transaction et la compensation. S’ils ont des comptes dans la même banque il n’y a pas de compensation.
La transaction peut être initiée par le débiteur (chèque ou virement par exemple) ou par le créancier (prélèvement). Les banques doivent s’assurer de l’identité des parties, de l’authenticité de l’instrument de paiement utilisé et de l’intégrité des données de la transaction.
La compensation et de règlement permettent aux établissements de crédit de s’échanger leurs créances respectives nées des paiements scripturaux et de payer le solde net de ces créances. *7
*7En France, les flux de paiement dit de détail – car ils sont unitairement de montant peu élevé – sont échangés soit de manière bilatérale soit grâce à une infrastructure mutualisée comme CORE. Les soldes nets calculés sont ensuite réglés dans le système de paiement de gros montant TARGET2- Banque de France.
Le schéma suivant décrit les principales phases d’un paiement scriptural
(en rouge la compensation, en vert la transaction)
La monnaie scripturale est donc la monnaie détenue par les agents sur leurs comptes bancaires, c’est-à-dire, non seulement les dépôts à vue sur les comptes courants (576 milliards d’euros en décembre 2012), mais aussi les dépôts sur les autres comptes à court terme (765 milliards d’euros à la même date) soit au total plus de 1300 milliards d’euros.
Les agrégats monétaires
La définition de la monnaie par sa substance (les formes prises par la monnaie) ne suffit pas, il faut aussi la définir de manière fonctionnelle pour délimiter avec certitude tout ce qui peut être considéré comme étant de la monnaie. Ainsi n’importe quel actif (c’est-à-dire n’importe quel bien possédé ou service rendu) pourrait être considéré comme de la monnaie, dès lors qu’il serait accepté en paiement. En réalité, tous les actifs ne se valent pas de ce point de vue.
On réserve le nom de monnaie aux actifs qui présentent deux caractères particuliers.
Ils sont « liquides », c’est-à-dire qu’ils peuvent être utilisés instantanément,
Ils sont « sans risque » de perte ou de gain en capital lorsqu’ils sont mobilisés (c’est-à-dire transformés pour être la contre partie de l’échange).
Tous les actifs ne sont donc pas de la monnaie et certains le sont plus que d’autres : il y a des degrés dans la « liquidité » et dans le caractère « risqué ».
La création de monnaie est le privilège des Institutions Financières Monétaires (IMF). Celles-ci sont d’ailleurs définies par la Banque centrale européenne à partir de ce privilège. La BCE distingue deux types d’institutions financières : celles qui contribue aux statistiques de la masse monétaire M3 (IFM) et celles qui ne contribuent pas (non IFM).
En France, les Institutions Financières Monétaires regroupent les banques (les établissements adhérents à la Fédération bancaire française), la Caisse des dépôts et consignations et caisse nationale d’épargne, les établissements spécialisés (Institutions financières spécialisées – IFS – et sociétés financières) et les autres institutions financières monétaires (Banque de France, OPCVM monétaires et institutions financières monétaires – IFM – sises outre-mer).
La monnaie c’est l’ensemble des actifs permettant de se libérer d’une dette, sur un territoire donné, sans délai et sans risque de perte en capital. La dette peut être ancienne ou correspondre à un échange en cours à l’instant où la monnaie est utilisée. |
Les pouvoirs publics cherchent à mesurer la capacité de dépense des agents de l’économie et pour cela ils définissent des instruments de mesure appelés « agrégats ».
La définition actuelle des agrégats monétaires est celle retenue en 1999 avec la création de la zone Euro.
Les agrégats de monnaie sont des indicateurs statistiques reflétant la capacité de dépense des agents non financiers résidents (sociétés, ménages, administrations publiques hors État, compagnies d’assurance, caisses de retraite et administrations privées).
Ils regroupent l’ensemble des moyens de paiement de ces agents et, parmi leurs placements financiers, ceux qui peuvent être utilisés en règlement des transactions après conversion facile et rapide en moyens de paiement, sans risque important de perte en capital.
L’agrégat M3 contient les deux agrégats intermédiaires M1 et M2 avec les définitions suivantes.
Les agrégats monétaires encours en milliards d’euros en décembre 2012, zone euro et France.
Les agrégats monétaires France (en millierds d’euros) juin 2013
Voir les statistiques monétaires de la Banque de France disponibles tous les mois .
Il faut insister sur le fait que la masse monétaire ne contient que la monnaie susceptible d’être dépensée par les agents non financiers ce qui exclut la monnaie appartenant et détenue par les banques et les institutions financières. |
La monnaie a d’abord des fonctions économiques.
La monnaie est une unité de mesure des prix, un instrument de mesure des valeurs, on dit aussi une unité de compte.
Avec l’introduction de la monnaie, on peut mesurer et comparer des biens et services très différents. C’est donc une unité de compte qui permet d’établir le prix de chaque bien. La monnaie détermine ainsi une échelle générale des prix entre tous les biens. Elle fonctionne comme un équivalent général rendant toutes opérations économiques comparables. De ce point de vue elle permet d’éliminer les coûts de transaction qui seraient liés à une économie sans monnaie. Comparer les biens deux à deux pour établir un prix relatifs et passer ainsi à un autre couple de produits… prend du temps.
Aristote déjà…
Sources:
http://bts-banque.nursit.com/Formes-et-fonctions-de-la-monnaie
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