Jérôme Kerviel, la société générale, pile on gagne, face tu perds

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Qui est Jérôme Kerviel ?

 

Née le 11 janvier 1977, Jérôme Kerviel est diplômé de l’Université de Lyon II, où il a décroché un master en finance de marché. Entré à la Société Générale en août 2000, il a d’abord travaillé dans la division banque d’investissement et de financement, où il a acquis la connaissance des procédures de contrôle. En 2005, il passe du côté du « Front Office », où il est chargé de prendre des positions sur des indices de contrats à terme. Sa rémunération annuelle, y compris la part variable, à savoir les bonus, était inférieure à 100.000€, ce qui le situait dans les tranches les plus basses de ce type de métier.

Jérôme Kerviel s’est néanmoins fait connaître dans l’actualité non pas par ses études ou par son parcours professionnel mais en tant que l’auteur de la fraude la plus massive de l’histoire de la finance. En effet en tant que Ex-trader de la Société Générale, il a crée un véritable système parallèle indétectable. Il a construit depuis son poste de travail une entreprise dissimulée à l’intérieur des salles de marché de la Société Générale et a réussi à chaque fois à cacher ses positions par d’autres positions. Ce talent de dissimulation lui a permis de changer ses positions, de les déplacer au fur et à mesure des contrôles, car il en connaissait le calendrier.

Aujourd’hui, Jérôme Kerviel a été reconnu coupable d’abus de confiance, de faux et d’usage de faux et d’introduction frauduleuse dans un système de données. Il devra également rembourser à la banque l’intégralité des sommes qu’elle réclame, soit 4.915.110.154€.

Il a été jugé responsable civilement, à hauteur de 4,82 milliards d’euros, des pertes de la Société générale découvertes en janvier 2008, celles-ci résultant de la liquidation de ses prises de positions sur des contrats à terme sur indices d’actions s’élevant à cette époque à environ 50 milliards d’euros (plus que les fonds propres de la banque) et qu’il a dissimulées à ses chefs par des manipulations frauduleuses1. Il est condamné pour abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans un système informatique. Cet arrêt de la cour d’appel de Paris a été confirmé pour la condamnation à une peine de prison, mais les dommages et intérêts ont été cassés par la Cour de cassation en mars 20142.

À l’issue de la liquidation de ses positions, Jérôme Kerviel est jugé responsable de la totalité des pertes enregistrées par le groupe bancaire, ce qui en fait à ce jour les dommages les plus élevés qui aient été causées par la faute professionnelle d’un employé en France, toutes catégories confondues, et donc pour un courtier salarié3. Les pertes de la Société générale ont en outre coûté 1 milliard d’euros à l’État français.

 

Afin d’essayer de comprendre les raisons qui ont incitées Jérôme Kerviel, réel symbole des dérives de la finance mondiale, à commettre les délits qui lui sont reprochés, il nous semble pertinents de s’intéresser à comment était perçu ce personnage aussi bien par l’opinion publique, par son milieu professionnel dans lequel il évoluait à la Société Générale ainsi que par ses proches.

  • Pour l’opinion publique, Jérôme Kerviel est à la fois l’artisan et la victime des excès de la finance. Pour certains, il est un homme seul et isolé face à une banque, leader mondial des produits financiers dérivés et paradis des prodiges sortis tout droit des grandes écoles.
  • Selon Daniel Bouton, le PDG de la Société Générale, Jérôme Kerviel est un homme seul qui a eu l’intelligence d’échapper à toutes les procédures de contrôle, un homme qui a construit une entreprise dissimulée à l’intérieur du groupe en utilisant les instruments de la Société Générale.
  • Le DRH de la Société Générale évoque un être fragile, sans génie particulier traversant des difficultés familiales.
  • Ses collègues de travail parlent eux d’un homme solitaire qui n’avait pas pris de vacances depuis longtemps, qui suivait constamment ses positions sur les marchés boursiers et qui jouissait d’une réputation relativement bonne en interne. Pour eux ce n’était qu’un type normal, très travailleur qui arrivait le premier le matin et qui partait en dernier le soir. C’était tout simplement quelqu’un qui travaillait beaucoup mais qui n’était certainement pas un génie.
  • Sa mère ainsi que le reste de sa famille le décrivent comme un garçon normal qui selon eux n’est pas responsable de ce qu’on lui reproche. On lui fait tout simplement porter un chapeau qui est beaucoup trop large pour lui.

L’affaire société générale ou l’affaire kerviel?

Notons que changer une appellation n’est pas si anodin que cela y paraît et que cela a des
conséquences  importantes . Ainsi l’affaire de la Société
Générale a été transformée en « affaire Kerviel », ce qui dédouane l’entreprise et change
l’opinion publique.

Les médias orientent également l’opinion avec le choix de leur mot, en
préférant tout le champ lexical lié à l’émotionnel : on a peu parlé de l’encéphalopathie spongiforme, le terme vache folle est par contre dans tous les esprits, avec toute la crainte associée.

Du coup ne devrait-on pas parle de l’affaire société générale plutôt que l’affaire Kerviel?

Que s’est-il passé ?

 

D’après les informations fournies par la Société Générale, Jérôme Kerviel a dérivé de son rôle d’arbitragiste, dont le risque est limité, et a pris des positions directionnelles c’est-à-dire fait des paris sur l’évolution des indices boursiers européens. La question qui peut néanmoins être posée est « pourquoi ces opérations n’ont pas déclenché d’alerte au sein des différents niveaux de contrôles prévus par la Société Générale ? ». Les arguments apportés sont les suivant :

  • D’une part, l’efficacité et la variété des techniques de dissimulation utilisée par Jérôme Kerviel lui ont permis de passer à travers des filets ;
  • D’autre part, les contrôles nécessaires à l’identification de la fraude n’était tout simplement pas prévus.

 

Ce dernier constat est naturellement beaucoup plus gênant pour la direction de la Société Générale. En effet cela veut dire que les salariés des back-offices n’ont pas la formation nécessaire en matière de contrôle et que le système de contrôle interne mis en place au moment des faits comportait d’énormes failles.

Ces différentes défaillances internes à la Société Générale ont permis à Jérôme Kerviel de réaliser entre 2005 et 2008 une multitude d’opérations non autorisés. Ainsi on pourra évoquer les positions prises par l’intéressé entre juin et octobre 2006 sur l’action Solarworld, cotés en Allemagne, et sur lesquelles il a réussi à déclarer un gain de 18K€ en 2005 et de 1,8 M€ en 2006. En 2007, Kerviel a parié dans un premier temps sur la baisse du DAX et s’est constitué une position à partir de futures qui a atteint 28Mds€ au 30 juin 2007. En moyenne, Jérôme Kerviel a acheté 1700 contrats par jour, soit 150 000 contrats au total. Cette position étant d’abord perdante, du 24 au 30 août fût débouclée. A partir du 11 septembre 2007, Jérôme Kerviel a parié de nouveau sur la baisse des indices européens. Il détenait alors 80 000 contrats futurs sur le DAX et 350 000 contrats sur l’EuroStoxx. Ces positions se sont cette fois avérées gagnante. En effet, les positions ont été débouclées à partir du 6 novembre, en dégageant un gain de 1,5Mds €. Enfin, en 2008 Jérôme Kerviel, a parié massivement et à tort sur une hausse des indices boursiers européens. Les pertes potentielles sur ses positions représentaient environ 1 milliard d’euros lorsqu’elles ont été découvertes mais elles ont rapidement gonflé en l’espace de 3 jours jusqu’à hauteur de 4,9 milliards d’euros. La Société Générale a alors décidé de solder ses positions alors que les marchés boursiers du monde entier plongeaient.

 

Résumé du procès

 

Jérôme Kerviel est poursuivi pour faux et usage de faux, abus de confiance et intrusion frauduleuse dans un système de traitement automatisé des données.

Il encourt à ce titre maximum cinq ans de prison et 375 000 euros d’amende. La Société Générale demande également des dommages et intérêts à hauteur de la perte annoncé de 4,9 milliards d’euros.

Les premières journées du procès ont plutôt été défavorables à la défense, avant que ce ne soit l’inverse par la suite.

De nombreux faits ayant été reconnus par le prévenu, il semble logique que Jérôme Kerviel ne soit pas relaxé sur les 3 chefs d’inculpation reprochés. Les réponses du trader aux questions précises du procureur le jour 7 vont dans ce sens.

24 janvier 2008 : plainte de la Société Générale et déroulement de l’instruction

 

Jérôme Kerviel était incarcéré à la prison de la Santé (Paris).

La Société générale a déposé plainte le après-midi à l’encontre de son courtier Jérôme Kerviel pour « faux en écriture de banque, usage de faux et atteinte au système de traitement automatisé des données » auprès du Tribunal de Nanterre, le site de La Défense, où travaillait son trader, dépendant de cette juridiction35. Le Parquet de Paris, a été également saisi par un actionnaire individuel d’une plainte contre la Société générale pour « escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux, complicité et recel » et a ouvert une information préliminaire le même jour et l’a confiée à la brigade financière35. Par ailleurs, une association de petits porteurs, l’Appac, Association des petits porteurs d’actifs, a indiqué avoir également déposé une plainte auprès du parquet parisien pour « diffusion de fausses informations ou trompeuses ayant agi sur le cours de Bourse des titres»35. À la demande du parquet de Paris, le tribunal de Nanterre s’est dessaisi de la plainte afin qu’il n’y ait qu’une seule instruction36.

Convoqué, Jérôme Kerviel s’est spontanément présenté et a été placé en garde à vue le à fins d’interrogatoire dans les locaux de la brigade financière et remis en liberté sous contrôle judiciaire le 37. À l’issue d’une garde à vue de 48 heures, il a été présenté devant le pôle financier du tribunal de Paris avec une demande de mise en examen par le Parquet de Paris de « tentative d’escroquerie » (art. 313-1)38, « faux et usage de faux », « abus de confiance aggravée », et d’« atteinte à un système de données informatiques ». Sa détention provisoire a été demandée afin de « protéger le suspect des risques de pression » jusqu’au procès39. Les juges d’instruction chargés de l’affaire, Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset, n’ont pas suivi le parquet et ouvert l’instruction, en ce qui concerne Jérôme Kerviel, pour un simple « abus de confiance » (art. 314-1)40, pour « faux et usage de faux » en écriture privées (art. 441-1)41 et pour « introduction dans un système informatisé de traitement automatisé de données informatiques » (art. 323-1)42,43.

Le même jour, Jean-Claude Marin, procureur de la République, qui exige la mise en détention immédiate de Jérôme Kerviel jusqu’à la date du procès, a décidé de faire appel de celle de remise en liberté à l’issue de la garde à vue44. Le , dans un entretien accordé à France Info, Rachida Dati, ministre de la justice, explique cette détermination à l’emprisonner sans attendre le jugement en déclarant que « il est nécessaire aussi pour des raisons d’ordre public de pouvoir maintenir sous la main de la justice Jérôme Kerviel » et « C’est une infraction d’une telle ampleur » (5 milliards d’euros) qui a « choqué » les Français. Par ailleurs, elle indique que la responsabilité de M. Daniel Bouton peut être engagée, sans évoquer d’information pénale contre lui45.

Selon les dépositions faites au cours de l’enquête préliminaire et rapportées par M. Jean-Claude Marin, Jérôme Kerviel n’a soustrait aucune somme d’argent, mais a engagé des fonds de la banque au-delà du seuil auquel il était autorisé, en abusant certaines procédures de contrôle avec de fausses informations, mais sans sortir du cadre de ses fonctions. D’autre part, les profits ou les pertes générés par ces dépassements, qui ont commencé à intervenir dès 2005-2006, étaient faits pour le compte de la banque qui les encaissait. Cette dernière en a plusieurs fois tenu compte pour le calcul de ses rémunérations. C’est pour augmenter sa part de rémunération professionnelle, que M. Kerviel a pris plus de risques46. Le Monde publie le une partie du procès-verbal de l’audition faite par le parquet de Paris durant l’information préliminaire47.

Pour Me Élisabeth Meyer, la première avocate de Kerviel48, il n’est plus question des fraudes et de l’escroquerie reprochées par M. Bouton. La question qui reste à déterminer, est celle de savoir dans quelle mesure le caractère pénal des fautes reprochées à M. Kerviel s’applique à des procédures et à des documents internes à une entreprise dans le cadre des relations entre employés, et dans quelle mesure ces pratiques étaient courantes et ont été tolérées, ratifiées voire encouragées plusieurs fois par ses supérieurs hiérarchiques. Auquel cas il ne s’agirait pas de fautes pénales, mais de fautes professionnelles sanctionnables, en fonction de l’appréciation de leur gravité, par un licenciement49.

Dès la mise en examen de son employé connue, la Société générale s’est portée partie civile le . Convoqué pour demander des explications sur les motifs de cette requête, le juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke a entendu le secrétaire général de la banque, « M. Schricke (qui) a fourni au juge des explications sur l’organigramme de la Société générale en précisant notamment quel était le positionnement de M. Kerviel à la banque »50.

Une seconde perquisition a été menée le au domicile de son frère à Paris où il habitait et où son ordinateur personnel a été saisi51.

Le , il est placé en détention provisoire à la prison de la Santé à Paris, les juges suivant les réquisitions du parquet général qui avait argué des « nécessités de l’instruction puisque les actes d’investigation se poursuivent ». Commis par les juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset c’est Jean-Pierre Bouchard qui réalise l’expertise psychologique de Jérôme Kerviel pendant son incarcération. Emprisonné en « cellule VIP » (sans codétenus), ses demandes de mise en liberté échouent jusqu’au . C’est après 37 jours de détention que la cour d’appel de Paris ordonne la remise en liberté de Jérôme Kerviel. Il reste soumis à un « contrôle judiciaire extrêmement strict » d’après le parquet de Paris, opposé à la remise en liberté, mais qui n’a pas fait appel de cette décision.

Le , les juges ont terminé leur instruction52. Fin août 2009, Jérôme Kerviel est renvoyé en correctionnelle53.

31 août 2009 : ordonnance de renvoi

Le 31 août 2009, les juges Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset établissent leur ordonnance de renvoi de 76 pages, appuyée sur les investigations de la Brigade Financière et cherchant à répondre aux sept questions suivantes (I) : quelle était l’activité dévolue à M. Kerviel par la banque ? (II) : comment Jérôme Kerviel a-t-il réussi à sortir de ce cadre ? (III) : pourquoi la banque n’a t-elle pas réagi au vu de ces signaux ? (IV) : pourquoi les contrôles internes de la banque n’ont-ils pas abouti ? (V) : dans quelles circonstances l’affaire s’est-elle dénouée ? (VI) : la question des qualifications pénales (VII) : la personnalité de M. Kerviel54.

8 juin 2010 : procès en première instance

Son procès commence le 8 juin 201055. Jérôme Kerviel est poursuivi pour « faux, usage de faux, abus de confiance, introduction frauduleuse de données dans un système informatique » et encourt jusqu’à cinq ans de prison et 375 000 euros d’amende56. Le 24 juin, le procureur requiert contre lui une peine de cinq ans d’emprisonnement dont un an avec sursis57. Kerviel a alors changé d’avocat et de ligne de défense, et Me Olivier Metzner s’efforce maintenant de montrer que « la banque savait »48. Le , il est reconnu coupable par la 11e chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Paris présidée par Dominique Pauthe de tous les chefs d’accusation et est condamné à cinq ans de prison dont deux ans avec sursis. Il doit en outre payer la somme de 4 915 610 154 euros de dommages et intérêts à la Société générale58,59. Le jugement rendu dédouane intégralement la Société Générale de toute responsabilité. Cependant, des carences graves du système de contrôle interne ont été confirmées à Bercy par plusieurs hauts fonctionnaires de la direction du Trésor60 et par la commission bancaire61.

4 juin 2012 : procès en appel

Un procès en appel a lieu du 4 au 28 juin 2012. Kerviel change une troisième fois d’avocat et de ligne de défense : Me David Koubbi accuse la banque d’avoir tout organisé et comploté contre Kerviel62 : les opérations illégales de Kerviel auraient été couvertes par une cellule grise qui aurait tout récupéré secrètement, n’entraînant ainsi aucune perte pour la banque48.

Par un arrêt du , la Cour d’appel de Paris confirme en tous points le jugement de première instance.

2013-2014 : Prud’hommes

Le 12 février 2013, Kerviel saisit les prud’hommes pour demander une expertise sur les pertes qui lui sont imputées par la Société générale, estimant que ces pertes n’existent pas et que la banque n’a jamais perdu 4,9 milliards, mais les a récupéré secrètement tout en complotant contre lui62. Il est débouté le 3 juillet 201363.

Il a également saisi les prud’hommes pour licenciement abusif. La procédure est en attente de jugement (le 24 mars 2014)64.

19 mars 2014 : Cour de cassation

Le , la Cour de cassation confirme la condamnation de Jérôme Kerviel à la prison mais annule les dommages et intérêts de 4,9 milliards d’euros65.

De toute façon personne ne peux payer une telle somme (sauf 10 personnes dans le monde peut être)

28 juillet 2014 : Tribunal de Grande Instance d’Évry

Le juge d’application des peines accède à la demande d’aménagement de sa peine en placement sous surveillance électronique, le parquet fait appel de ce jugement mais la décision est confirmée et Jérôme Kerviel bénéficie de cet aménagement à partir du 8 septembre 2014.

17 janvier 2016 : remise en cause de l’enquête sur les pertes de la Société générale

Le 17 janvier 2016, la presse annonce qu’en juin 2015, dans un entretien téléphonique enregistré à son insu, Chantal de Leiris, ancienne vice-procureure du parquet de Paris qui avait suivi l’enquête sur les pertes de la Société générale imputées à Kerviel, a déclaré que l’enquête avait été manipulée par la Société générale, avec l’assentiment de certains supérieurs hiérarchiques de Chantal de Leiris66,67.

 

La Société Générale savait-elle ?

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C’est l’une des problématiques essentielles dans cette affaire.

Maître Metzner avait clamé haut et fort qu’il démontrerait que la Société Générale savait, à l’aide de nouvelles pièces. La stratégie de la défense consiste en effet à affirmer que la Société Générale savait depuis longtemps, depuis au moins mars avril 2007, avec les mails échangés sur une opération fictive avec une personne du service des contrôles.

Un véritable problème moral qui consiste en gros à dire soit tu triche et tu es récompensé et nous fermons les yeux soit tu ne le fait pas tu es viré ou te fait avoir tu es viré aussi.

Et surtout une banque qui perd plusieurs milliards sans s’en apercevoir… vive le sérieux…

 

 

Nouvelles pièces en question :

  • tableau Excel montrant des lignes comptables des ordres passés par les traders sur la base de données du font office Eliot (jour 1)
  • copie écran de l’outil à disposition des managers pour contrôler les limites et les risques, colonne nominal (jour 3)

Sur la trésorerie, le fait que la Société Générale affirme que les supérieurs hiérarchiques de JK aient pu ne regarder la trésorerie qu’une fois par mois (jour 4 Benoît Taillieu), sans que ce soit challengé par le tribunal ou la défense, fragilise la thèse selon laquelle le niveau de trésorerie de 1,4 milliards d’euros sur plusieurs semaines ne pouvait être ignorée du n+1.

La question du résultat de 55 millions d’euros déclaré fin 2007 par JK qui aurait pu alerter est récurrente, relativement soit aux fonctions de JK, soit à ses objectifs, soit à la limite quotidienne de 125 millions d’euros.

Quant aux dommages réclamés au trader, la banque n’a qu’à s’en prendre à elle-même sur ses graves lacunes :

  • systèmes de contrôles ;
  • équipes de contrôles ;

  • hiérarchie.

  • Alors que les alertes (internes, externes) étaient nombreuses dans le temps.

    Circonstances aggravantes, le trader avait été pris en faute en 2005 et une fraude (même de bien moindre ampleur) faisant intervenir des opérations fictives avait été découverte au premier semestre 2007.

    La transparence, enfin, ou presque. Pour la première fois, la Société générale a publié un document presque complet sur les différentes opérations réalisées par Jérôme Kerviel. Il s’agit du rapport de l’Inspection générale de la banque, dont s’est inspiré le rapport d’étape du Comité spécial du Conseil d’administration de la Société Générale, présidé par Jean-Martin Folz.

     

     

     

     

     

     

    Les conclusions du comité spécial.

     

    Trois constats :

    1) Il valide les premières explications fournies par la Socgen. Kerviel a dérivé de son métier d’arbitragiste, dont le risque est très limité, et a pris des « positions directionnelles », c’est-à-dire fait des paris sur l’évolution des indices boursiers européens.

    2) L’ex-trader a agi seul au sein de la banque et il n’y a aucune preuve de complicité, sous réserve de ce que va faire apparaître l’enquête au sein de Fimat, la filiale en courtage de la Socgen.

    3) Ses opérations n’ont pas été détectées plus tôt en raison, d’une part, de « l’efficacité » et de « la variété des techniques de dissimulation utilisées par le fraudeur », ce qui avait déjà été dit, et surtout, d’autre part par le fait que « les opérateurs n’approfondissent pas systématiquement leurs vérifications », enfin par « l’absence de certains contrôles qui n’étaient pas prévus et qui auraient été susceptibles d’identifier la fraude ». Un constat beaucoup plus gênant pour la direction. Cela veut dire que les salariés des back-offices ne sont pas formés ni incités à prendre la moindre initiative dans le travail de contrôle, et que le système lui-même comportait des énormes failles.

    Ensuite, le détail des opérations réalisées par Kerviel selon le rapport d’étape de l’Inspection générale, issu de travaux intitulés « Mission Green »:

    Pour 2005 et 2006: Kerviel fait quelques opérations non autorisées. Ainsi, il prend entre juin et octobre 2006 une position sur l’action Solarworld, cotée en Allemagne, entre 100 et 150 M€. Sur ces deux années, il gagne, sans le déclarer, 180 k€ en 2005 et 1,8 M€ en 2006.

    En 2007: Kerviel parie dans un premier temps sur la baisse du Dax, l’indice boursier allemand, et se constitue à partir du mois de mars une position à partir de futures, qui va atteindre 28 Mds € au 30 juin. En moyenne, il achète 1700 contrats par jour, soit 150 000 contrats au total. Cette position est d’abord perdante. Du 24 juillet au 30 août, la position est débouclée. A partir du 11 septembre, Kerviel parie de nouveau sur une baisse des indices européens, à savoir le Dax et l’EuroStoxx. Il détient alors jusqu’à 80 000 contrats futures sur le Dax, et 350 000 contrats sur l’EuroStoxx. Un pari gagnant. Ses positions sont débouclées à partir du 6 novembre, en dégageant un gain de 1,5 Mds €.

    2008: Kerviel parie sur la hausse des indices boursiers et se constitue entre le 2 et le 18 janvier une position « longue », à partir de futures, atteignant 49 Mds €. Son débouclage, entre le 21 et le 23 janvier, entraîne une perte de 6,4 Mds €.

     

    Autres enseignements du rapport de l’Inspection

     

    1) Le détail des opérations de dissimulations de Kerviel. Ou comment truander le back-office via le système informatique interne appelé Eliot.

    L’idée, c’est de rentrer dans la base un type spécifique d’opérations, qui n’alerte pas les services de contrôle, puis de l’annuler (l’annulation permettant de ne pas effectuer de règlement et de livraison des titres).

    A savoir, une opération ayant un « offset significatif », c’est-à-dire un écart de 30 jours entre la date de l’opération et la date de valeur. Pendant ce temps, le back-office ne la vérifie pas. Les opérations à date de valeur décalée étant vérifiées au bout de cinq jours.

    Ou alors une opération avec certaines contreparties : soit une contrepartie interne au groupe, par exemple Clickoptions, une filiale à 100% de Socgen, qui ne nécessite aucune confirmation car l’opération est revue dans le cadre des opérations intragroupes. Ou une contrepartie externe avec un établissement de petite taille, où il n’est pas prévu d’appel de marge.

    Ces manipulations ont été utilisées pour plusieurs types d’instruments financiers. Le rapport en cite quatre. Les plus simples sont des actions de plusieurs sociétés européennes : Allianz, Solarworld, Nokia, Porsche, Deutsche Bank, Business Object, Conergy. Kerviel aurait acheté (ou vendu) ces actions hors bourse, de gré à gré.

    2) Enfin, l’enchaînement des événements qui amène à découvrir ses manipulations. A noter que Kerviel n’a pas été attrapé pour sa position de 50 milliards, mais à cause d’une opération dont l’objectif était de cacher son profit 2007.

    L’inspection a reconstitué, à partir des échanges de mails, les rapports entre Kerviel et les différents services de contrôle sur ce point précis. Là encore, les termes sont techniques mais, pour peu qu’on rentre dedans, cela devient très amusant a posteriori de constater qu’en exploitant la division du travail dans un aussi gros établissement que la Socgen, on peut passer facilement entre les mailles du filet le temps de faire des grosses bétises.

    Tout commence le 31 décembre 2007. Pour éviter que son résultat annuel fasse apparaître un profit, Kerviel invente des opérations perdantes. Il rentre dans le système huit opérations de forward avec comme contrepartie Clickoption. Contrepartie interne qui passe inaperçue. Le 2 janvier, le détail des huit opérations est envoyé à un salarié du back office (OPER dans le jargon de la banque) avec le commentaire suivant : « on va mettre le broker en attendant la conf de la contrepartie ». Le lendemain, Kerviel modifie les 8 opérations en rentrant le nom de la banque Baader comme contrepartie.

    Finalement, une réunion est organisée le jeudi 17 janvier à 16h30 entre Kerviel et des membres d’ACFI. Le trader comprend alors que le problème vient du fait de son choix de contrepartie. La banque Baader n’étant pas une contrepartie habituelle de Socgen, il n’y a pas de contrat cadre entre les deux établissements et les risques sont très élevés. Du coup, il change de version et déclare que c’est la Deutsche Bank sa vraie contrepartie. Le ratio cooke redevient raisonnable: le dépassement n’est plus que de 390 millions d’euros. Tout rentre dans l’ordre, sauf qu’on demande à Kerviel une confirmation de l’ordre passé par la Deutsche Bank.

    C’est fait le lendemain, à 12h59. Kerviel envoie une fausse justification (un mail trafiqué avec un en-tête Deutsche Bank). Mais entre-temps, sa hiérarchie au Front a commencé à s’inquiéter. Et une nouvelle réunion est organisée dans la soirée. Un des chefs de service se propose alors d’appeler un contact à la Deutsche Bank. Il le fait le samedi matin, et découvre que l’opération est fictive. Tout s’écroule. Kerviel, parti en week-end, n’a plus que quelques heures à vivre en tant que salarié de la Socgen.

    A noter, enfin, l’inspection n’a pas trouvé de trace de Kerviel utilisant des mots de passe du back office, une version fournie jusqu’à présent par la direction de la banque. « La Task force » qui a réalisée l’enquête les premiers jours aurait « mal interprétée les informations recueillies à ce sujet », selon le rapport.

     

    Conclusion

     

    En conclusion, Jérôme Kerviel aura fait couler beaucoup d’encre et suscité beaucoup d’interrogations quant aux contrôles effectués dans le monde de la finance. La médiatisation a permit à chaque citoyen de se demander comment un seul homme pouvait être responsable d’une perte de près de 5 milliards d’euros.

    Cette même médiatisation est à l’origine de prises de confiance d’intervenants divers tels qu’économistes, politiciens, patrons jusqu’à certains individus « lambda » intéressés par le sujet. Tout cela alors que l’affaire est d’une complexité incommensurable, même pour des spécialistes.

    Jérôme Kerviel semble donc être le bouc émissaire, victime des conséquences de la crise financière. Son procès apparait comme inégal, puisqu’il est supposé expliquer à des juges qui n’ont jamais vu une salle des marchés comment fonctionne réellement, pour généraliser, le « trading ». Face à lui, la Société Générale, qui connait parfaitement ses logiciels, procédures et autres mesures de sécurité et qui répète la théorie de la finance au sein de son institution.

     

    Bibliographie

    Bibliographie

     

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