cours d’économie sur la monnaie: Création – destruction de la monnaie

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La création de monnaie est assurée par trois séries d’agents : les banques commerciales ou de second rang, la Banque centrale et le Trésor public. Elle correspond toujours à la conversion d’une créance contre de la monnaie.

Elle repose sur la transformation de créances en moyens de paiement qui constituent les contreparties de cette création monétaire :
- créances sur l’économie (crédits aux particuliers et aux entreprises) soit 86% de la création monétaire,
- créances sur le Trésor (acquisition par les institutions financières de titres émis par le Trésor pour faire face au besoin de financement de l’Etat) soit environ le dixième des sources de création monétaire,1*

1*La distinction entre créances sur le Trésor et créances sur l’économie est artificielle parce qu’il s’agit dans les deux cas de créances permettant à des agents non IFM (Institutions Financières Monétaires) de se procurer de la monnaie en émettant des créances acquises par les IFM pour réaliser leurs opérations.

créances sur l’étranger (achat de devises par les banques).

Comme la plus grande partie de la masse monétaire est constituée de monnaie scripturale ce sont les banques qui sont la principale source de création de la monnaie. Il ne faut pas perdre de vue cependant que c’est la Banque centrale qui contrôle la quantité de monnaie qui peut être mise en circulation dans l’économie. Il y a donc quatre groupes d’acteurs dans la création monétaire : la Banque Centrale, les banques, les déposants, les emprunteurs.

La création monétaire d’origine bancaire : la création de monnaie scripturale par les banques

[Le processus de création monétaire par les opérations de crédit : les crédits font les dépôts]

La monnaie est émise par l’ensemble du système bancaire.

Les banques accordent des crédits aux agents non IFM. Elles peuvent le faire de deux manières :
- elles prêtent des ressources monétaires qui ont été déposées préalablement
- elles prêtent en faisant confiance à l’emprunteur *2 en répondant à la demande par une simple écriture sur le compte du client contre la promesse de restitution de la somme à une échéance fixée d’un commun accord.

*3 Le sens étymologique de crédit est la confiance accordée à autrui. Il s’agit du participe passé latin de credere, croire. C’est bien le sens d’expression courante comme « il est discrédité par ce comportement » ou bien « quel crédit peut accorder à ce qu’il dit ? ».

Dans le premier cas il n’y a pas création monétaire, il s’agit d’un simple transfert entre deux agents : tout se passe comme si la banque mettait en relation les deux agents non IMF, celui qui a déposé de la monnaie à la banque et celui qui emprunte cette monnaie à la banque. La banque assure une simple circulation monétaire.

Dans le deuxième cas il y a bien création monétaire.
Les banques participent à la création de monnaie par le crédit, la banque crédite le compte du bénéficiaire et met ainsi à sa disposition de la monnaie scripturale, c’est pour cela qu’il faut dire les crédits font les dépôts et non pas l’inverse (les dépôts font les crédits).*3

*3 C’est ce qui distingue l’activité propre aux banques relativement aux autres institutions financières qui ne peuvent accorder des crédits qu’à partir des ressources qu’elles ont préalablement collectées.

Si elle décide d’accorder un crédit de 100 euros à M. X, elle va enregistrer deux opérations symétriques : au passif de son bilan, elle inscrit les 100 euros que M. X est autorisé à retirer sur le compte qu’elle lui a ouvert ; à son actif, elle inscrit la reconnaissance de dette de M. X (c’est une créance pour la banque qui représente la promesse de remboursement par M. X).
La banque a donc créé sa propre monnaie, il n’y a pas eu d’épargne préalable au crédit et elle n’a pas besoin de détenir dans ces caisses la somme correspondante.
Le remboursement de l’emprunt conduit à une opération symétrique de destruction monétaire car la banque va annuler sa créance et M. X sa dette.
Une fois ce crédit accordé à M. X, il pourra l’utiliser pour régler par chèque son créancier qui pourra le déposer à sa banque. À partir de ce dépôt, cette dernière pourra envisager d’accorder un découvert à Mme Y qui l’utilisera pour régler son garagiste, et ainsi de suite, à l’infini.
Le crédit initial aura donc provoqué une véritable multiplication des dépôts et des crédits.

Ainsi les banques peuvent créer de la monnaie en accordant des crédits parce qu’elles transforment une créance en monnaie.

Il en est de même lorsque les agents économiques résidents échangent des devises contre de la monnaie intérieure (une devise étrangère est un titre de créance sur l’étranger). Un importateur payé en dollars portera ces dollars à sa banque et celle-ci créditera le compte de l’importateur d’une somme en euros correspondant à la valeur des dollars. La banque transforme à nouveau une créance (les devises) en monnaie (les euros) *4.

*4Détenir un dollar des États-Unis c’est détenir un pouvoir d’acheter des biens ou des services valant un dollar auprès de n’importe quel vendeur résidant aux États-Unis.

Enfin, la banque peut créer de la monnaie à chaque fois qu’elle achète un actif réel (immeuble par exemple) ou un actif financier (escompte de traites, achats d’actions, achat d’obligations publiques ou privées). Une traite, une action, une obligation et tous les autres titres financiers sont des créances. Le propriétaire d’une action détient une créance sur la société qui a émis l’action (il en va de même pour une obligation et pour les autres titres), en cédant cette action à une banque il va voir son compte créditer d’une somme égale à la valeur du titre. La banque crédite ce compte en créant de la monnaie. Elle transforme la créance en monnaie.
Cette forme de création monétaire, la « monétisation » par une banque, de l’achat de titres publics ou privés est devenue très importante.
« Désormais, les banques émettent de la monnaie non seulement à l’occasion de leurs opérations de crédit, mais également en contrepartie de leurs opérations de financement par achats de titres. Dans le cadre du régime d’économie d’endettement  *5, la création monétaire s’effectuait principalement à l’occasion des opérations de crédit. Dans le nouveau régime, les banques créent également de la monnaie en contrepartie de leurs financements par acquisition de titres sur les marchés. Ainsi, les modalités de la création monétaire se sont diversifiées. Le crédit n’est plus qu’une des sources de la création monétaire. De plus, les crédits créent moins de dépôts dans la mesure où la part des dépôts diminue dans le bilan des banques et dans les actifs financiers détenus par les agents non financiers. Le fait que ces derniers se portent de plus en plus vers des actifs autres que les dépôts bancaires, tels que les parts de SICAV monétaires, constitue une « fuite » dans le système bancaire stricto sensu. Il en résulte une diminution du pouvoir de création monétaire des banques. […] La part des crédits bancaires dans les financements totaux a sensiblement baissé, passant de 71 % en 1978 à 39,1 % en 2003. »
Source : Dominique Plihon « La monnaie et ses mécanismes », Repères, La Découverte, 2004.

Dans le bilan des banques, les crédits à la clientèle qui représentaient plus de 80% de l’actif en 1980 ne représentait plus que 30% en 2006, alors que le pourcentage des titres passait de 5% à 55%.

*5 Note personnelle hors extrait du texte de Pilhon : On oppose « économie d’endettement » à « économie de marchés financiers » pour distinguer des économies utilisant majoritairement le financement par l’endettement bancaire ou par l’émission de titres financiers (financement intermédié contre financement direct.

La création de monnaie par le Trésor

Le Trésor est l’agent financier de l’État. Il peut créer de la monnaie directement en vendant à la Banque centrale les nouvelles pièces qu’il fabrique. Cette création de monnaie divisionnaire reste marginale. Jusqu’à une date récente, le Trésor pouvait créer directement de la monnaie scripturale parce qu’il fonctionnait comme une banque ou parce qu’il gérait les fonds des Comptes courants postaux (CCP). Jusqu’en 2001, le Trésor tenait des comptes privés (par exemple pour les fonctionnaires) et jusqu’en 2005 (transformation des CCP en Banque postale – qui est un établissement ayant le statut de banque) il récupérait tous les chèques et virements émis vers un CCP qui étaient alors crédités à son compte à la Banque de France, puis traités en compensation : inversement, tous les chèques et virements tirés sur les CCP à l’ordre d’une banque quelconque, étaient traités en compensation puis débités au compte du Trésor à la Banque de France.
Il ne reste plus aujourd’hui que la première forme de création directe de monnaie par le Trésor.

Le plus important est ailleurs le Trésor peut indirectement créer de la monnaie, il serait plus juste de dire qu’il est à l’origine d’une création monétaire..
- D’une part parce que le compte du Trésor public est géré par la Banque centrale toutes les opérations qui conduisent à créditer ou débiter son compte à partir de celui des banques (et inversement) affectent la capacité des banques à créer de la monnaie. Lorsqu’un ménage fait un chèque pour payer ses impôts, ce chèque vient au crédit du compte du Trésor donc au débit de celui de la banque à la Banque centrale. La banque voit ses réserves en monnaie centrale diminuer. Inversement quand le Trésor règle le salaire d’un fonctionnaire, son compte est débité et celui de la banque du fonctionnaire (à la Banque centrale) est crédité. La banque dispose de réserves en monnaie centrale supplémentaires.
- D’autre part pour financer leurs déficits les administrations publiques émettent des titres publiques de dette. Lorsque ces titres sont achetés par les banques ou la Caisse des dépôts et consignation à la Banque centrale qui gère le compte du Trésor, ce compte est crédité d’un montant équivalent à la valeur des titres achetés. Le Trésor dispose ainsi des moyens de paiements dont il a besoin pour payer ses dépenses. Les banques en agissant ainsi monétisent des créances sur l’État comme elles le font pour les créances sur les autres agents non financiers. Lorsque les bons du Trésor sont remboursés la masse monétaire diminue (la monnaie est détruite). Il faut aussi prendre en compte les « correspondants du Trésor ». Ce sont les collectivités territoriales, les établissements publics et les entreprises qui, par obligation législative ou par commodité, disposent d’un compte ouvert dans les livres du Trésor, auprès d’un comptable public. Quand leurs dépôts augmentent le compte du Trésor est crédité et la masse monétaire augmente et inversement.

La création de monnaie au profit du Trésor est donc la somme algébrique suivante :
accroissement de la valeur de la monnaie divisionnaire + accroissement net des dépôts effectués chez les correspondants du Trésor + souscription de titres publics par les banques – remboursement des bons du Trésor.

La création de monnaie par la BCE et les BCN

La banque centrale est la banque qui détient le monopole de l’émission de billets. Elle est donc la seule capable de créer la monnaie fiduciaire.
L’image ancienne d’une Banque centrale faisant fonctionner la « planche à billets » pour le compte de l’État est dépassée, même si les mesures de politique monétaire non conventionnelle adoptée par la BCE depuis le début de la crise bancaire se traduise par d’importantes injections de liquidités dans l’économie

 L’article 104 du traité de Maastricht stipule :
« Il est interdit à la BCE et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées « banques centrales nationales » d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions ou organes de la Communauté, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publiques des États membres ; l’acquisition directe des instruments de leur dette, auprès d’eux, par la BCE ou les banques centrales nationales, est également interdite. »
Le traité interdit les avances directes de la banque centrale aux États ou administrations ainsi que l’acquisition directe par la BCE à un État d’un instrument de dette. Mais il n’interdit pas l’acquisition par la BCE sur le marché de titres publics ; il n’interdit pas non plus que des organismes publics de crédit bénéficient de compte courants à la BCE comme le précise le paragraphe suivant de l’article 104 : « Le paragraphe 1 ne s’applique pas aux établissements publics de crédit qui, dans le cadre de la mise à disposition de liquidités par les banques centrales, bénéficient, de la part des banques centrales nationales et de la BCE, du même traitement que les établissements privés de crédit. »
Comme on le voit, le traité de Maastricht n’interdit donc pas aux banques centrales de créer et d’injecter de la monnaie en circulation par le moyen simple de rachats de titres publics soit sur le marché soit à des établissements publics de crédit.

 

Certes, on imprime des billets, mais pour remplacer ceux qui sont usés matériellement et pour alimenter l’augmentation des besoins en monnaie matérielle pour les échanges (cette augmentation est compensée par l’évolution des usages des moyens de paiement. La monnaie scripturale remplace de plus en plus la monnaie matérielle).

La Banque centrale peut aussi créer de la monnaie scripturale en gérant des comptes en particulier ceux des banques « ordinaires » (dites aussi « de second rang » ou « banques commerciales »).
- En effet celles-ci sont contraintes de s’approvisionner en monnaie centrale, billets et monnaie scripturale gérée par la Banque centrale, auprès de cette Banque centrale, laquelle peut leur imposer un prix d’approvisionnement (taux d’intérêt) élevé, ou des restrictions quantitatives, de manière à les contraindre à pratiquer une politique de crédit moins dynamique auprès de leur clientèle.
- Pour ce qui est de la monnaie scripturale émise par la Banque centrale, elle en crée notamment en contrepartie des devises étrangères apportées par les banques et provenant de leurs clients. Ainsi, un excédent commercial conduit à une augmentation de la masse monétaire, puisque les exportateurs français ont des excédents de devises qu’ils souhaitent échanger contre des francs.

Création, circulation et substitution monétaire

L’expression création de monnaie ne doit pas être confondue avec la simple circulation de la monnaie ni avec les situations dans lesquelles une forme de monnaie est substituée à une autre. Il y a donc forcément des opérations de conversion d’une forme dans une autre : un ménage peut demander à sa banque de lui fournir des billets (son compte sera débité), il peut à l’inverse déposer des billets auprès de cette banque pour que son compte soit créditer. Ainsi à côté de la circulation monétaire et de la création monétaire, les banques assurent aussi la substitution monétaire.

Quelques exemples pour voir les différents cas de figure.

 

Le documentaire « La Monnaie et nous » explique la monnaie et la politique monétaire. La vidéo,d’une durée de 11 minutes, aborde les thèmes suivants : les formes de la monnaie, la création monétaire, les risques de l’inflation, la définition et la mise en œuvre de la politique monétaire de la zone euro, le rôle de la Banque de France et des autres banques centrales nationales .

Visionner le documentaire sur la monnaie.

Sources:

http://bts-banque.nursit.com/Creation-destruction-de-la-monnaie

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